
Le réemploi des matériaux s’impose comme un levier concret pour un secteur du bâtiment plus bas carbone et aligné avec l’économie circulaire. En privilégiant l’utilisation de matériaux existants plutôt que la production de nouveaux matériaux, les acteurs du BTP réduisent la production de déchets, l’impact environnemental et les coûts tout en allongeant la durée de vie des ouvrages.
Définition et périmètre: réemploi vs recyclage
Le réemploi consiste à réutiliser un matériau ou un composant pour le même usage, avec peu ou pas de modification de sa forme ou de sa fonction. À la différence du recyclage des déchets, il conserve la valeur d’usage et évite des étapes énergivores de transformation. Exemples de produits de réemploi et matériaux issus de la déconstruction : bois (charpentes, parquets), structures métalliques, briques et pierres, tuiles, menuiseries (portes, fenêtres), luminaires et sanitaires, éléments décoratifs.
Avantages clés du réemploi pour le BTP
- Réduction de l’empreinte carbone et de l’impact carbone grâce à la baisse de la production de matières vierges et du transport.
- Gestion des déchets optimisée : moins de déchets du BTP en décharge, meilleure valorisation énergétique du non-réemployable.
- Avantage économique : baisse des achats de matière première et sécurisation des approvisionnements.
- Lutte contre le gaspillage et contribution au développement durable et au modèle économique circulaire.
- Image de marque et réponses aux critères bas carbone des maîtres d’ouvrage.
Cadre réglementaire : loi AGEC, normes et responsabilités
La loi Agec (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) impose des obligations de réemploi dans le secteur de la construction. Elle généralise le diagnostic ressources avant déconstruction pour identifier les gisements réemployables et fixe des objectifs de réutilisation. Les normes de réemploi et la conformité technique doivent être vérifiées par l’entreprise avant toute mise en œuvre. La responsabilité de l’entreprise porte sur la qualité, la sécurité et la traçabilité du cycle de vie des composants intégrés.
Méthode de mise en œuvre sur chantier
- Diagnostic ressources et étude d’impact : cartographier les gisements, évaluer l’impact environnemental et le bilan carbone.
- Dépose sélective : préserver l’intégrité des éléments pour maximiser la réutilisation.
- Stockage, traçabilité et contrôle documentaire (fiches techniques, photos, état, provenance, fin de vie envisagée).
- Contrôle qualité : tests, conformité aux normes et garanties d’usage.
- Intégration dès la conception : réserver des variantes « seconde vie », ajuster la maîtrise d’œuvre et les lots.
Traçabilité numérique et QR codes
Un format numérique standardisé (fiche + QR code) centralise l’historique : origine, composition, condition de dépose, dimensions, performance, entretien, durée de vie. Cette approche fiabilise l’utilisation commerciale, réduit les risques et facilite le pilotage du cycle de vie au niveau projet et portefeuille.
Exemple de cas d’usages:
- Réemploi dans le bâtiment tertiaire : réutilisation de cloisons vitrées et luminaires => économies et réduction des déchets.
- Logement : réemploi de menuiseries et radiateurs après rénovation énergétique.
- Équipements publics : dallages pierre et briques nettoyés et reposés, faible impact environnemental.
Tableau : comparatif réemploi vs recyclage
| Critère | Réemploi | Recyclage |
| Objectif | Seconde vie sans transformation lourde | Matière transformée |
| Énergie | Faible | Modérée à élevée |
| Carbone | Empreinte carbone minimale | Dépend des procédés |
| Valeur d’usage | Conservée | Recrée partiellement |
Consulter le guide du programme Interreg NWE pour plus d’info: https://www.cstb.fr/getmedia/cbf46337-9d28-4ddb-9c31-18d20b17161f/guide-reemploi-entrepreneurs-generaux.pdf